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Diptyque du voyage 1/2 - L'amour de la mort
L’amour de la vie, l’amour de la mort,
la mort de la vie, la mort de la mort.
Regarde-toi, coulant et dégoulinant. Tu fais peine à voir.
Tu as perdu toutes raisons. Tu regardes autour de toi et tu ne vois que le vide. Tu es seul dans ton drap noir au milieu de cet espace infini.
Tu ne veux plus rien, tu n’as plus faim.
Tu as perdu l’amour de la vie et petit à petit te voilà épris de l’amour de la mort.
Le néant et le silence.
Tu voudrais t’évaporer, être aspiré par cette fenêtre et t’envoler.
Explorer le monde.
Te pencher sur l’épaule de ces personnes qui s'éloignent et leur chuchoter un petit mot.
Leur dire que tu ne seras jamais loin.
Ensuite ?
Tu repartirais sans te retourner, tu te prendrais de curiosité pour ces gens dont tu te foutais. Tu entrerais en eux pour comprendre et ressentir ces choses que tu n’as jamais eu et les autres que tu n’as plus. Tu visiterais le monde et tu verrais que tu n’es pas seul. Tu te rendrais compte de l’horreur, tu verrais les merveilles et tu ressentirais la beauté. Tu comprendrais qu’il n’y a rien de sérieux, rien d’important et que le mal est en toi.
Ce même mal qui t’entraîne dans la mort de la vie.
Tu retrouverais finalement ton enveloppe et à l’aide d’un petit scalpel tu pratiquerais une légère incision au-dessus du nombril.
Tu plongerais ton poing au milieu de tes entrailles pour retirer cette grosse pomme noire qui te ronge.
Tu te souviendrais de ce qu’elle était.
Tu te souviendrais de ce à quoi il servait.
Le petit nez de clown rouge...
Tes yeux humides se poseraient à nouveau sur cet amas triste et suppurant.
Tu le serrerais entre tes doigts à l’en faire éclater.
Le liquide acide et sombre coulerait entre tes phalanges. Il coulerait le long de ton bras.
Et dans un geste shamanique tu étalerais cette peinture de guerre sur ton torse et ton visage.
Tu pourrais ainsi faire face à ta nouvelle campagne, la mort de la mort.
Slimfly
